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Être pompier et étudiante : ce que ça m’a appris sur moi-même

Je m'appelle Sarah, j’ai 22 ans, et je suis étudiante en Psychologie. Mais ce que peu de gens savent en me croisant sur le campus, c’est que je suis aussi sapeur-pompier volontaire depuis bientôt trois ans.


Je ne sais pas exactement ce qui m’a poussée à m’engager au départ. Peut-être une envie de me sentir utile, d’être au plus proche des gens, de sortir du cadre très théorique de mes études. Peut-être aussi un besoin de me confronter à quelque chose de plus grand que moi. Ce que je sais, c’est que ça a changé ma vie – et ma manière de me voir moi-même.


Être pompier, ce n’est pas juste porter un uniforme ou partir en intervention au son de la sirène. C’est faire face à des situations humaines intenses, souvent bouleversantes. Des accidents, des incendies, des personnes seules en détresse. Il y a des jours où l’adrénaline te porte, et d'autres où le silence après une intervention te fait tout remettre en question. C’est un métier de présence, de sang-froid, d’écoute aussi.


En tant que femme, et étudiante, j’ai parfois dû faire mes preuves. Je me souviens d’une intervention où une personne âgée, très stressée, m’a regardée et m’a dit : "Mais vous êtes toute jeune, vous allez savoir faire ?". Sur le moment, j’ai souri. J’ai appris à ne pas prendre ce genre de remarques personnellement. Parce que la vérité, c’est que derrière l’uniforme, peu importe l’âge ou le genre, on apprend à être solide, à agir vite, à rester humain. Et oui, on sait faire.


Mais il y a aussi tout ce que ça réveille à l’intérieur. J’ai compris à quel point j’avais du mal à parler de mes émotions. J’étais du genre à tout garder pour moi. À penser qu’en étant forte, en ne flanchant jamais, j’étais invincible. Spoiler : ce n’est pas vrai. Il m’a fallu plusieurs gardes, plusieurs situations où l’émotion me remontait à la gorge, pour comprendre que prendre soin des autres, ça ne doit pas m’empêcher de prendre soin de moi.


J’ai commencé à consulter une psy après une intervention qui m’avait particulièrement marquée. Pas parce que j’allais "mal", mais parce que j’en avais besoin. Parce que je ne voulais pas laisser ces images, ces sensations, me ronger de l’intérieur. Et je crois que c’est là que j’ai le plus grandi. Apprendre à parler, à déposer les choses, à me dire que ce n’était pas un aveu de faiblesse, mais un vrai signe de force.


Aujourd’hui, je continue mes études, je continue mes gardes. Parfois c’est épuisant, parfois je doute. Mais je sais pourquoi je le fais. Parce qu’aider, ça me construit. Parce qu’écouter, c’est déjà soigner. Et parce qu’on ne peut pas être pompier sans un minimum d’empathie, ni être humaine sans apprendre à se connaître soi-même.


À toutes celles et ceux qui vivent des vies à deux vitesses, qui jonglent entre leurs rôles, leurs identités, leurs émotions : vous êtes légitimes. Et parfois, ce qu’il y a de plus fort, c’est de s’autoriser à dire que ça ne va pas. À s’arrêter. À respirer. À parler.

Parce que dans nos têtes, il y a souvent le feu. Et qu’apprendre à l’éteindre, ou juste à ne pas l’ignorer, c’est déjà une forme de courage.


-Sarah

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