Vivre avec mon frère, c’est grandir deux fois

Je m’appelle Soan j’ai 25 ans et je travaille dans une agence de voyage. Mais mon plus grand voyage, je le vis depuis toujours avec mon petit frère de 18 ans, autiste.

Grandir avec lui a façonné ma manière d’être et de voir le monde. Enfant, j’ai souvent dû mettre mes envies de côté : rentrer plus tôt à la maison, aider mes parents, trouver des moyens de l’apaiser. À l’adolescence, il m’est arrivé de ressentir de la frustration ou de la colère face aux concessions imposées, mais chaque sourire ou progrès de mon frère me rappelait que tout cela en valait la peine.

Aujourd’hui encore, je suis très présent pour lui. Je l’aide à s’organiser, je reste son repère dans les moments où il se sent dépassé. Être grand frère, pour moi, ce n’est pas seulement partager des souvenirs d’enfance : c’est assumer un rôle fait d’amour mais aussi de responsabilités qui peuvent peser lourd.

Il y a des moments où ma santé mentale en souffre. J’ai connu la fatigue, le découragement, la culpabilité d’avoir besoin de penser à moi. Je m’inquiète aussi pour l’avenir : que deviendra-t-il quand mes parents ne pourront plus être là ? On félicite souvent les proches aidants, mais derrière ce mot se cachent des nuits blanches, des angoisses et une charge invisible que peu comprennent.

Avec le temps, j’ai appris qu’il était important d’en parler. Reconnaître que c’est difficile ne veut pas dire aimer moins. Au contraire, parler de santé mentale permet de trouver du soutien et de rappeler qu’on a le droit de se sentir fatigué ou dépassé.

Malgré les épreuves, je n’échangerais pas ma place. Mon frère m’a appris la patience, la bienveillance et une autre manière d’aimer. Avec lui, j’ai découvert que le bonheur se trouve dans les petites victoires : un sourire, un moment de complicité, un geste tendre.

Je peux dire qu’il m’a fait grandir deux fois : une première en tant qu’homme, et une seconde en tant que frère. Mon histoire n’est pas toujours facile, mais elle est profondément humaine. Et c’est elle qui m’a construit.

Merci Dans ta Tête de partager mon histoire et celle de mon frère Naïm. Et merci à tous ceux qui prendront le temps de lire mon témoignage.

-Soan