Accepter d’en parler, c’est ce qui m’a permis de recommencer à vivre - Téo
- rohannrangasamy
- 29 oct.
- 2 min de lecture
Le témoignage de Téo, 28 ans.
Quand ma grand-mère est décédée, j’ai eu l’impression qu’on m’arrachait une partie de mon enfance. C’était ma confidente, celle qui me préparait des crêpes le mercredi, celle qui me disait que tout irait bien, même quand rien n’allait. Je savais qu’elle était fatiguée, mais je n’étais pas prêt. Personne ne l’est vraiment. Les premiers jours, j’étais dans le déni. Je m’occupais, je faisais mille choses pour ne pas y penser. Et puis, petit à petit, la réalité m’a rattrapé.
Je rentrais du travail et tout me semblait vide. Son fauteuil dans le salon, ses photos sur le buffet… tout me ramenait à elle. Je dormais mal, je mangeais peu. Je me sentais à la fois triste et en colère : triste qu’elle soit partie, en colère contre moi de ne pas avoir passé plus de temps avec elle. Mais autour de moi, tout le monde me disait : « le temps guérira ». Alors j’ai fait semblant d’aller mieux. J’ai porté ce masque du “ça va” comme une armure. Sauf que le chagrin, quand on le garde pour soi, finit toujours par peser plus lourd.
C’est une amie qui m’a suggéré d’aller voir une psychologue. Au début, j’ai ri. Je me disais que ce n’était pas pour moi, que j’étais juste triste, pas malade. Mais un soir, j’ai senti que je n’en pouvais plus. Alors j’ai pris rendez-vous.
La première séance, j’étais tendu, sur la défensive. Je n’avais rien préparé à dire. Et puis, en parlant, les mots sont venus. J’ai pleuré, beaucoup. Mais au lieu d’avoir honte, j’ai ressenti un vrai soulagement. C’était comme si quelqu’un m’aidait à remettre un peu d’ordre dans tout ce que je ressentais, sans jugement, sans pression.
Au fil des semaines, j’ai compris que consulter, ce n’est pas « faiblir ». C’est accepter d’avoir mal, et vouloir comprendre pourquoi. C’est apprendre à vivre avec le manque, sans qu’il nous définisse. Grâce à ces moments, j’ai retrouvé un peu de paix intérieure. Je repense souvent à ma grand-mère, mais d’une manière plus douce. Elle me manque toujours, bien sûr. Mais aujourd’hui, je me sens capable de sourire en pensant à elle.
Si je devais retenir une chose de ce que j’ai vécu, ce serait ça : le deuil, ce n’est pas oublier quelqu’un, c’est apprendre à vivre différemment avec son souvenir. Et parfois, pour y arriver, on a besoin d’en parler.
Merci du temps porté à mon histoire et à la pensée accordée à ma grand-mère.
-Téo, 28 ans

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