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Nolan: "C'était mon premier amour, puis je me suis retrouvé à changer les couches de sa soeur"

Dernière mise à jour : 16 oct. 2022

À la base, c'était mon premier amour, puis je me suis retrouvé à vivre chez elle et à changer les couches de sa petite sœur.


Je m’appelle Nolan, j’ai 19 ans, bientôt 20, et je suis dans la vie active depuis un peu plus d’un an. Ce que je vais vous raconter s’est passé il y a plus de deux ans.


J'avais rencontré cette fille via un ami de l'époque. Le feeling passait bien donc on a décidé de se voir une première fois, puis quelques temps plus tard on se voyait tous les week-ends, un week-end chez elle et un week-end chez moi (elle habitait à 45 minutes de chez moi donc je devais prendre le bus).


"Fou de cette fille comme je l'étais ... un soir j'ai décidé de fuguer de chez moi"

La première semaine qu’elle a passé chez moi, j'ai laissé passer plein de choses, c’était ma première petite copine. Elle disait des phrases déplacées à ma mère, elle me faisait du chantage du style « oui mais si tu ne me réponds pas tu m'aime plus" ou encore "oui ben si ta mère n’est pas contente moi j'y peux rien".


Fou de cette fille comme je l’étais et avec la relation avec ma mère qui se dégradait, un soir alors qu'il pleuvait à torrent j'ai décidé de fuguer de chez moi. J’ai pris mes affaires (mes vinyles, des habits et le reste tant pis) et la mère de ma copine est venue me chercher à 4h du matin. C’était la première semaine des vacances d'octobre et le président venait d'annoncer le deuxième confinement. Cette nuit-là ma mère m'avait privé de téléphone, et j'avais réussi à recharger mon vieux Samsung cassé pour envoyer des messages Instagram à ma copine, lui disant que j'avais préparé mes affaires et que j'attendais sa mère. Une fois arrivée elle devait me tenir au courant, pendant que moi j'étais là assis par terre en attendant que le temps passe. Une fois qu'elle est arrivée, j’ai descendu très doucement les escaliers avec mes trois sacs sur le dos pour éviter de faire du bruit. J’ai tourné la clef très lentement, j'ai ouvert la porte et j’ai laissé la clé sur le porche de la maison. Sa mère était garée au bout de la rue, alors j'ai marché le plus vite possible pour rejoindre la voiture. Pendant les 45 minutes de route on ne s’est pas parlé la mère de ma copine et moi, j'étais simplement juste en train de pleurer.


"C'est un au revoir ou un adieu ?"

Le lendemain matin le nombre d'appels que j'avais reçu était hallucinant. À ce moment-là, je ne me rendais pas compte de la bêtise que j'étais en train de faire, c'était une espèce de phase où j’étais à la fois heureux et triste. Je trouvais ça légitime de fuguer car de mon point de vue l'ambiance chez moi était horrible, surtout par ma faute : lors des disputes entre ma mère et ma copine, je prenais toujours le parti de ma copine alors qu’elle manquait de respect à ma mère.


Lorsque je suis arrivé chez ma copine et ses parents, j'avais reçu plein d'appels de ma famille. En larmes, j'avais ce pincement au cœur qui fait normalement revenir en arrière sur ses choix, mais moi je ne les écoutais pas. Après quelques heures j’ai eu ma mère au téléphone: elle m’a dit que ce n’était pas normal de venir me chercher en pleine nuit, que je n’avais rien à faire avec eux (elle avait totalement raison) et qu'elle viendrait me chercher le lendemain, puis à la fin de l'appel elle me posa une dernière question :


"C'est un au revoir ou un adieu ?"


J'ai hésité, j'ai eu l'impression que ce moment durait des heures, alors qu'il n'a duré que quelques secondes. J'ai répondu :


"C'est.... c'est un adieu"


Je n'avais pas compris l'impact de mes mots à l'époque, mais lorsque ma mère a raccroché j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps pendant des jours. Même si ma copine et sa famille essayaient de me remonter le moral, j’avais toujours cette impression que je vivais ma vie mais que ce n'était pas moi dans mon corps, comme si quelqu'un me disait quoi faire mais que je n'avais aucun contrôle.


J’étais encore scolarisé au lycée près de chez moi mais les cours étaient en distanciel donc j'avais la belle vie. J’étais, logé, nourri et blanchi, j'avais pu prendre mon micro Blue Yeti pour les cours. Puis vient la rentrée qui suit les vacances d'octobre. Comment allais-je faire sachant que mon lycée se trouvait à 45 minutes de route ?


"Au bout de quelques mois, je me sentais de plus en plus vide"

J'ai dû prendre le bus de chez ma copine tous les matins à 5h34 pour arriver à la gare à 6h30. Il fallait que je monte 3 côtes pour accéder à mon lycée. Point positif, j'arrivais à l'heure et ça travaillait les jambes. Point négatif, pour le retour il est arrivé une fois que je prenne le train. J'avais cours jusqu'à 23h puisque mon lycée était un lycée professionnel, mais je ne pouvais pas rester, alors je séchais la moitié du cours et je partais à 19h. Ça m’a pris 4h pour rentrer avec tous les changements de bus que j’ai dû faire. Ce jour-là ça a vraiment été compliqué


Au bout de quelques mois je me sentais de plus en plus vide et je ne savais plus quoi faire. Octobre, novembre, et décembre se sont écoulés assez rapidement, mais je devais faire un stage d'un mois, de janvier à février, alors je l'ai fait dans un supermarché à côté de chez elle. Je songeais de plus en plus à travailler et à me prendre un appartement à Metz.


Pendant ce temps la mère de ma copine avait accouché d’une fille. Autant vous dire que jouer les papa poule n'était pas de tout repos. Bon j'avoue la petite elle était trop mignonne et elle imitait les bêtises que je faisais.


Après mon stage je suis allé vivre chez mes grands-parents dans ma ville, ils m’ont gâté et chouchouté pendant 3 mois. Ils ont payé mon permis (que j'ai obtenu du premier coup), ils m’ont nourri, donné de l'argent et aidé. Mais un jour, alors que j'allais récupérer mon ASSR2 pour valider mon permis, après avoir récupéré mon diplôme, je suis sorti en direction de la voiture de mon grand-père. Mais là j’entends quelqu'un crier mon prénom : c'était mon petit frère avec ma mère et mon père. Ma mère est venue me faire un câlin en pleurant très heureuse de me voir, mon père aussi.


Les premiers mots de ma mère ont été :


"Qu'est-ce que tu es beau mon fils"


J’ai tout suite eu les larmes aux yeux et ressenti un sentiment de culpabilité immense, puis elle m'a proposé qu'on se revoit à la maison. J'ai tout de suite accepté. On s'est revu le surlendemain. Mes parents m'ont fait comprendre que j’avais deux possibilités devant moi : soit je restais chez mes grands-parents et je ne voyais plus jamais mes parents, soit je revenais à la maison et tout rentrerait dans l'ordre.


J'ai pris la décision de retourner chez mes parents. Ma copine m’a dit que je n’avais pas le droit de faire ça, que j'allais le regretter car ça allait impacter notre relation. J’ai vite compris que ce n'était plus possible de continuer avec elle, vis-à-vis de ce que j'avais fait et de la relation entre elle et ma famille.


Après 3 jours à discuter froidement et à ne parler de rien, je lui ai dit qu'on devait arrêter là et que cela ne servait à rien de forcer les choses, que ce ne serait plus jamais comme avant.


Bien sûr ça m’a beaucoup affecté car c'était mon premier amour. J’ai pleuré très longtemps et la rupture était dure.


Ce que je tire de cette expérience c'est que les mamans ont toujours raison ! Plus sérieusement, le plus important c'est de se poser toujours les bonnes questions et de prendre du recul. Même si la situation paraît très délicate il faut se poser et réfléchir.

Aujourd’hui je m'en veux encore de ce que j'ai pu faire, j'ai toujours un sentiment de culpabilité et je n'aime pas en parler, mais ça fait partie de ma vie et je ne peux que vivre avec. J’essaie de faire de mon mieux pour être heureux et ne pas reproduire les mêmes erreurs.


Aujourd’hui j'ai eu mon bac, je travaille dans un hôtel et j'espère que ce job restera stable, j'ai une copine avec qui j'ai des projets qui, petit à petit, se concrétisent et avec qui je suis heureux et qui est appréciée de ma famille.


Ça fait plus de deux ans que ce que je viens de raconter s’est produit, pourtant je crois que ça m’a laissé une trace. Ça m’affecte encore aujourd’hui.


- Nolan, 19 ans

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