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Grandir avec une maman sourde - Zoé

Je m’appelle Zoé, j’ai 21 ans, et je suis étudiante. J’ai grandi avec une maman sourde. Petite, je ne voyais pas ça comme une différence. À la maison, tout passait par les gestes, les regards, les sourires. J’adorais inventer des signes avec elle, comme un langage secret que personne d’autre ne comprenait. C’était notre bulle, silencieuse mais pleine d’amour.


Mais en grandissant, les choses se sont compliquées. À l’école, les enfants posaient des questions maladroites : « Elle ne t’entend jamais ? »« Comment tu lui parles ? » Parfois, je sentais la gêne monter, sans savoir si je devais expliquer ou me taire. Et puis il y avait ce rôle que j’ai pris très tôt, celui d’interprète : chez le médecin, à la banque, dans les réunions de parents d’élèves. J’étais « la voix » de ma mère alors que j’étais encore une enfant.


En grandissant, j’ai compris que ce rôle m’avait fait mûrir plus vite. Il m’a aussi appris l’empathie, la patience et la force. J’ai compris que la surdité de ma mère n’était pas une faiblesse, mais une autre façon d’être au monde. Une façon plus attentive, plus sincère aussi.


Depuis que je suis partie faire mes études, c’est une autre forme de difficulté qui s’est installée. Loin d’elle, j’ai souvent peur qu’il lui arrive quelque chose et qu’elle ne puisse pas prévenir. J’ai cette inquiétude constante, ce besoin de vérifier qu’elle va bien. Les appels en visio deviennent nos moments précieux : on se parle avec les mains, on se sourit à travers l’écran, et pendant quelques minutes, la distance disparaît.


Être étudiante, c’est apprendre à construire sa vie. Mais quand ta mère est sourde, tu continues un peu de veiller sur elle, même à des centaines de kilomètres. Parfois, je me sens coupable de ne pas être là, de ne pas pouvoir traduire, aider, protéger. Mais je sais aussi que partir m’a permis de comprendre à quel point elle est forte, indépendante, et que c’est elle qui m’a appris à ne pas avoir peur du silence.


Grandir avec une maman sourde, c’est apprendre à écouter autrement, avec le cœur.


Un grand merci à Dans ta Tête qui me permet aujourd’hui de sensibiliser sur la surdité d’un parent et de remercier ma mère pour le courage qu’elle m’a transmis.


-Zoé

 
 
 

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